
Le chikungunya est une maladie à déclaration obligatoire.
Pour toute question relevant de la gestion des cas, le Département de la Sécurité et des Urgences Sanitaires (DéSUS) de l'ARS Mayotte doit être contactée :
• 02 69 63 47 91
• ars976-alerte@ars.sante.fr
Toute situation particulière (recrudescence inhabituelle, regroupement de cas, forme clinique particulière,…) doit être signalée au Département de la Sécurité et des Urgences Sanitaires (ars976-alerte@ars.sante.fr) et à la cellule régionale de Santé publique France en charge de la surveillance épidémiologique, de la caractérisation des cas et des potentielles formes atypiques : mayotte@santepubliquefrance.fr.
Le chikungunya est une maladie virale causée par un virus à ARN du même nom (genre alphavirus). Il est transmis à l’homme suite à la piqûre d'un moustique du genre Aedes infecté par le virus.
Présentation clinique habituelle
Au delà de cette triade (fièvre rash douleurs articulaires), la maladie est généralement bénigne.
- Des conjonctivites sont fréquemment décrites.
- La périchondrite auriculaire est caractéristique.
- La part d’infections asymptomatiques est estimée à moins de 30%.
- La biologie est généralement peu perturbée cependant une lymphopénie modérée 1 000 /m3 est parfois observée ainsi qu’une élévation de la CRP.
- La létalité est très faible 1/1000 et concerne pour la plupart des personnes comorbides.
- L’infection est considérée comme immunisante.
Types de complications
Atteintes articulaires chroniques
Plusieurs mois voire plusieurs années après l’infection (fréquences variables selon les lignages):
Fatigue qui peut être intense
Réaction inflammatoire
Lien avec l’âge au moment de l’infection, le sexe féminin, la charge virale, l’intensité des douleurs articulaires à la phase aiguë et les antécédents d’arthrose
Complications neurologiques
- Rares mais potentiellement sévères
- Encéphalopathies ou des encéphalomyélites disséminées
Atteintes ophtalmiques
- Névrites optiques
- Uvéites ou rétinites (rares)
Infections congénitales
- Très rare pendant la grossesse
- Jusque 50% de risque si mère virémique au péripartum
- Symptômes rapportés : fièvre, douleurs, léthargie, troubles de succion, sepsis, oedèmes, encéphalopathie
- Persistance potentielle de troubles cognitifs à long terme chez les nouveau-nés avec troubles neurologiques
Décompensations
- Décompensations de pathologies préexistantes
Le rôle de l’offre de santé de ville dans le repérage et la prise en charge initiale des patients est indispensable afin d’identifier précocement les premiers cas. Cela permet de mettre en place des mesures de gestion environnementales qui sont portées par l’ARS (lutte contre les gites larvaires, démoustication, prévention, éducation à la santé).
Pour tout cas suspect*, la PCR, par un laboratoire de biologie médicale, doit être effectuée le plus rapidement possible après l’apparition des symptômes (virémie +/-7 jours).
La présence d’IgM isolées doit impérativement conduire à un second prélèvement pour confirmation, au minimum 10 jours après le premier pour détecter une séroconversion (apparition IgG). En effet, les réactions croisées sont très fréquentes et des IgM seules sont ininterprétables. Le chikungunya est une pathologie immunisante. La présence d’IgG précoces et isolées exclut une infection récente. Une fois qu’une personne a contracté le virus du chikungunya, et après la guérison, elle développe une immunité durable contre de futures infections. Elle ne peut donc pas contracter la maladie une deuxième fois. Chez certains patients, les manifestations de type rhumatologiques, persistent pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, bien que le virus ne soit plus présent dans l’organisme. En présence d’un syndrome dengue-like, la dengue, la leptospirose ou d’autres pathologies bactériennes doivent être considérées (typhus murin, fièvre Q, …). Au retour de zones où ces pathologies sont présentes le paludisme, ou le Zika doivent également être envisagés. |
* Cas suspect : fièvre souvent élevée et d’installation brutale associée à des douleurs articulaires parfois intenses touchant le plus souvent les membres distaux. Possibilité de douleurs musculaires, de maux de tête et d’un rash cutané maculo-papuleux
Traitement
Symptomatique : repos, hydratation orale, usage d’antalgiques et d’antipyrétiques (type paracétamol à dose thérapeutique recommandée).
Ne pas prescrire d'aspirine, l'ibuprophène et autres AINS (Anti-inflammatoire non stéroïdien) en phase initiale.L’hospitalisation peut être envisagée pour certains patients comorbides, pour lesquels la douleur ne peut être contrôlée ou qui présentent une forme atypique ainsi que chez les nouveau-nés.
Prévention
Vaccination
Saisi par le ministère de la Santé et l’Accès aux Soins, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié un avis le 4 mars 2025 sur l’utilisation du vaccin IXCHIQ fabriqué par le laboratoire Valneva.
Elle recommande que le vaccin IXCHIQ soit utilisé prioritairement sur le territoire de La Réunion, en l'absence de circulation sur Mayotte à ce jour (1 seul cas importé), dans un objectif de prévention de la survenue de formes graves de la maladie. La stratégie vaccinale dépendra donc de l’évolution de la situation à la Réunion et à Mayotte et sera adaptée au nombre de doses disponibles.
Élimination des déchets et eaux stagnantes
Les déchets constituent à eux seuls de multiples gîtes potentiels, tant dans les cours et jardins que sur la voie publique. Ils peuvent favoriser la stagnation de l’eau et constituer ainsi un terrain favorable au développement des moustiques.
- Videz régulièrement l'eau stagnante (coupelles, seaux, pneus, gouttières,...)
- Couvrez les réservoirs d'eau
Eliminez vos déchets correctement pour empêcher la stagnation de l’eau
Prévention des piqûres de moustiques
Il est essentiel de rappeler à la population de se protéger des piqûres de moustique pour éviter de contracter la maladie :
- Utilisez des répulsifs
- Dormez sous une moustiquaire
- Portez des vêtements longs et amples surtout au lever du jour et à la tombée de la nuit
